Le 12 août 1944,
le Lt Joseph Kennedy, frère aîné de John qui fut président des Etats-Unis, décolle à 17 h 52 à bord
d'un BQ-8 (B-24 Liberator modifié) avec son
co-pilote, le Lt Wilford Willy.
Joseph s’était porté volontaire pour cette mission expérimentale et
très dangereuse. Le but était d'envoyer un bombardier télécommandé, un drone, s'écraser
avec une importante charge explosive contre une installation fortifiée allemande
située à Mimoyecques (Calais) destinée à abriter un canon spécial : le V3
dont nous parlons par ailleurs dans cet article.
Le Lt Wilford WILLY
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Voici quelques explications sur les
premiers drones américains et le canon allemand V3
L’origine des drones de bombardement américains
Les nazis pensaient
que les sites de lancement des fusées V2 et des canons V3 situés dans le Pas de
Calais pouvaient être à l’abri des bombardiers alliés en plaçant ces armes
spéciales dans des abris fortifiés en béton et en acier renforcé.
Les avions de reconnaissance alliés avaient repéré ces
constructions massives et le Quartier Général des forces aériennes avait
ordonné de vastes campagnes de
bombardent de ces sites. Ces raids perturbaient beaucoup les constructions, mais
les Etats Majors pensaient qu’ils ne pouvaient pas garantir la destruction
efficace de ces souterrains fortifiés. De plus, ces sites étaient protégés par
une défense antiaérienne très efficace. Au moment de la mort du Lt Kennedy, beaucoup
d’avions alliés avaient été perdus lors de l’attaque des différents sites de
lancement des armes V.
Au printemps 1944, le lieutenant-général James Doolittle, commandant de
la 8e Air Force,
avait ordonné une étude conjointe de l’Air Force et de la Navy au sujet
de l’utilisation de vieux bombardiers sans pilotes. Ces bombardiers
transporteraient une grande quantité d’explosifs capables de détruire ces
fortifications résistant aux bombes conventionnelles.
La collaboration de la Navy était essentielle à ce programme, car elle
avait beaucoup plus d'expérience concernant les drones. En effet, au début de guerre, la Navy avait commencé la formation des artilleurs antiaériens avec des
avions cibles sans pilotes.
L’Air Force livra quelques vieux B-17 et la Navy prépara de vieux PBY4-1,
la version Navy du B-24D. Une fois modifiés avec un équipement de drone, ces
BQ-7 (B-17 drone) et BQ-8 (B-24 drone) devaient être pilotés à distance par un
« avion mère », appelé CQ-17, et être dirigés sur une cible.
L’opérateur situé dans le CQ-17 serait assisté par des caméras de télévision
installées dans l’habitacle du drone fournissant une vue des instruments de
bord et du sol. De plus, un générateur de fumée serait
placé sous le fuselage afin de permettre à l’opérateur de le suivre des yeux.
Néanmoins, un équipage humain devait piloter manuellement l'avion jusqu’à
une altitude minimale de 2000 pieds et un cap déterminé afin que, suite à une
panne éventuelle du contrôle à distance, le drone ne puisse pas aller dévaster
des installations militaires ou civiles en Angleterre.
Le général Doolittle approuva ce plan le 26 juin
1944, et assigna la 3e Division de bombardement à la
préparation et aux tests des premiers drones BQ-7. La phase finale de préparation
fut attribuée au 562e Squadron de
bombardement sur la base de la RAF à Honington dans le comté du Suffolk
(Angleterre).
Le plan Doolittle reçut deux appellations :
« Aphrodite » pour l’Air Force et « Anvil » pour la Navy.
Ces opérations représentaient le mariage de l’expérience de la Navy et des
progrès de RCA en télévision.
En vue de leur mission finale, les drones furent dépouillés de tout
leur armement et aussi de toute autre masse non essentielle (blindage, supports
de bombe, émetteur-récepteur, sièges, etc.), ce qui réduisit la masse du
bombardier d'environ 12 000 livres (6 500 kg ).
Les avions dépouillés furent ensuite équipés d'un système de
téléguidage.
Ils furent chargés avec 8200 kg d’explosifs. (11000kg dans le cas du BQ-8 du
Lt Kennedy) Ainsi en théorie, l'explosion résultante serait colossale et ce,
dans un rayon d'au moins 6 miles (10 km ).
La verrière de certains BQ-7 fut enlevée afin de faciliter l’éjection des pilotes |
Le premier et tragique raid « Anvil» fut celui du Lt Kennedy
avec le site de Mimoyecques comme objectif.
Un deuxième raid, effectué le 3 septembre 1944, provoqua quelques
dégâts aux installations ennemies de l’île de Heligoland, mais rata son
objectif principal à cause de la mauvaise réception de télévision.
Les raids « Anvil » furent alors abandonnés.
L'échec des programmes «Aphrodite» et «Anvil» a été
attribué à un manque de technologies disponibles et au fait que le
réarrangement des masses des drones entraînait des comportements de vol
différents de ceux des avions originaux.
Notons que les bombardements
traditionnels avaient empêché l’achèvement du site
V3 de Mimoyecques, surtout grâce à la bombe anglaise
«Tallboy». L’une de ces bombes pénétra jusqu’à une profondeur de 28 mètres et causa des dégâts considérables. Les observateurs
de bombardement, ne voyant que peu ou pas d’effet en surface,
déclarèrent « effet nul » dans leur rapport. C’est ainsi que
la mission du Lt Kennedy, en réalité devenue inutile, fut quand même mise sur
pied.
Elle fit
la preuve de son efficacité contre les structures lourdes comme les blockhaus,
là où toutes les bombes plus petites avaient échoué. Sa première utilisation au
combat a lieu le 9 juin 1944 lors
d'un raid contre un tunnel ferroviaire à Saumur en
France qui fut bloqué pendant une très longue période.
Une bombe Tallboy
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Les allemands utilisèrent aussi une version de drone appelée « Mistel »
Dans ce cas deux avions étaient solidarisés par des entretoises. A
proximité de l’objectif, le « chasseur » larguait le bombardier et le
guidait vers la cible. Dans ce cas, le
guidage n’était pas assisté par la télévision.
Tout comme les drones américains, les « Mistels » ne
connurent que des succès marginaux.
Des militaires américains examinent un « Mistel » constitué d’un chasseur FW-190 et d’un bombardier Ju-88 |
Le canon V3
Comme le V1 et
le V2,
le canon V3 constituait une arme de
représailles de la part du Troisième Reich à
l'encontre de l'Angleterre. Le nom de code était « Hochdruckpumpe »
(Pompe à haute pression).
En fait, il s'agissait d'un canon à chambres multiples. Le projectile
était du type obus flèche. Le long du canon, étaient disposées trente-deux
chambres auxiliaires qui donnaient un surcroît de poussée au projectile.
Au passage des chambres auxiliaires, les charges
supplémentaires additionnelles étaient mises à feu, soit par auto-inflammation
due à la température des gaz, soit par allumage électrique, pour produire une
poussée supplémentaire amplifiant la vitesse de l'obus et ainsi de suite au
passage de chaque paire de chambres pendant la progression de l'obus dans l'âme
du canon, accroissant à chaque fois un peu plus sa vitesse, et ainsi de suite
sur les trente-deux chambres de combustion.
Schéma montrant 8
chambres auxiliaires.
(Dans les versions expérimentales,
les chambres étaient perpendiculaires au canon)
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Vue d’une version expérimentale |
Un exemple d’obus V3
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Cinq batteries de cinq canons faisant chacun près de 130
mètres de long devaient être construites sous terre. Dans un premier
temps les Allemands creusèrent des galeries puis les tunnels de tir sur
plusieurs étages. L'étage le plus haut était à 30
mètres sous la surface de la terre, le second à près de 100
mètres sous la surface. Une protection de 5
mètres d'épaisseur en béton armé devait
protéger les bouches des canons.
- Wikipedia
- Smithsonian National Air and Space Museum
- http://histaero.blogspot.be/2013/08/projet-aphrodite.html