5 membres d’équipage survécurent:
- 2Lt George F. LANG,
bombardier
- F/O Samuel ALVINE
Jr, navigateur
- T/Sgt James A.
WEBER, mécanicien de bord
- Sgt Robert YOWANN,
mitrailleur ventral
- Sgt Charles W. HASKETT, mitrailleur arrière
Voici quelques précisions sur le point de chute de ce bombardier.
(Source : Musée de l’Air de Bruxelles)
Le « Lindy
Lou » est bien connu dans la région de Louveigné, et plusieurs articles le
concernant sont parus dans les journaux.
Nous avons donc
ajouté des informations moins répandues : des extraits du MACR (rapport
d’accident) de cet avion, ainsi qu’un article d’un journal américain.
Extraits du MACR 11258. Rapport
aimablement transmis par Mr Luc Vervoort.
1- Témoignage du mitrailleur arrière, le Sgt
Charles W. HASKETT, qui revint en Belgique bien
des années plus tard.
- L’avion fut abattu
par des FW190. Une trentaine de chasseurs nous ont
attaqués par l’arrière et par le bas. Nous volions en position #10 du
Squadron inférieur et il semblait que nous étions au centre de l’attaque.
- Il me semble que
notre avion ne fut réellement attaqué que par deux avions ennemis. Ils étaient
vraiment près quand ils ouvrirent le feu, environ 600 yards. Il est possible qu’ils aient utilisé des
roquettes, bien que je ne vis pas de trainées.
Cependant, il semblait y avoir des flashes à environ 6 à 10 pieds devant les chasseurs, cela provenait probablement
de canons de 20mm.
- Le premier chasseur
atteignit le moteur #2. Il prit feu et les flammes atteignirent le fuselage.
Le deuxième chasseur
atteignit à peu près le même endroit, ce qui augmenta l’importance des flammes
qui s’étendirent jusqu’à 15 ou 20 pieds derrière la queue. De nombreuses balles de
mitrailleuses atteignirent la queue faisant voler le plexiglas arrière en
éclats.
Je me rappelle aussi
de longues lignes de trous faites par les projectiles le long du fuselage.
- Tandis que je
faisais feu, j’entendis le mitrailleur ventral, le Sgt Yowan appeler le
mitrailleur latéral, le Sgt Kausrud et lui dire qu’il était touché. Peu après,
j’entendis le mécanicien, le S/Sgt Weber dire « Touché les gars, ça brûle
comme l’enfer ». A ce moment, j’essaye d’accuser
réception, mais l’interphone se coupe. Je saisis et
j’attache mon parachute, puis je rampe vers la trappe de sortie arrière.
A ce moment, je suis pris de vertige à cause
du manque d’oxygène et je n’arrive pas à actionner le levier d’ouverture de la trappe de
sortie d’urgence.
Je me jette de tout mon poids contre cette trappe qui s’ouvre et je roule dehors. Je ne vois personne d’autre s’évacuer
de l’avion. Je retarde l’ouverture de
mon parachute jusqu’à environ 2000 pieds, ce qui est probablement
trop bas, car, à peine ouvert, je touche le
sol en faisant
un atterrissage très brusque. Ma jambe gauche est
foulée et très douloureuse.
- Quand j’ai quitté l’avion, il n’était plus qu’une boule de
feu. Cependant il était encore sous contrôle et non pas en vrille, ce qui me
fit penser que le pilote et le co-pilote étaient toujours aux commandes.
- J’atterris au
voisinage des coordonnées 5028-0540, à environ 6 ou 7 miles au sud est d’Aywaille. Pensant que j’étais en
territoire ennemi, je cachai immédiatement mon parachute et ma veste de
sauvetage dans un fourré. Peu après, je vis une femme. Il était trop tard pour
me cacher car elle m’avait vu. Je lui fis signe, mais elle s’éloigna rapidement avec un
chien qu’elle tenait en laisse.
Je pu voir mon compas au travers du plexiglas
de mon kit d’évasion et je me dirigeai vers l’ouest en utilisant un bâton, car ma jambe était en mauvais état.
- J’avais progressé
d’environ un demi mile lorsque je vis une patrouille de militaires sur un half
track, à un quart de mile de moi, mais trop loin pour les identifier. Je rampai
vers des buissons pour m’y cacher. Ils passèrent près de moi et je les entendis
parler, je reconnus immédiatement qu’ils étaient des GI,s. J’attachai un
mouchoir blanc à un bâton et je l’agitai en me dirigeant vers eux.
- Au premier abord,
je crus qu’ils allaient tirer sur moi car ils épaulèrent leurs fusils. Je
prouvai mon identité au moyen de ma plaque d’immatriculation.
Un Lieutenant me
conduisit alors à un poste de secours à Aywaille où je fus minutieusement
interrogé, tandis que ma jambe était examinée.
Je ne me rappelle pas
des questions qu’ils m’ont posées.
- Le matin suivant,
je fus conduit à un poste d’évacuation, puis à Verviers où je passai la nuit.
Je fus ensuite envoyé en train à l’Hôpital Général situé près de Paris. Le jour
suivant, transfert à
Cherbourg où je passai la nuit dans un train hôpital. Après
une autre nuit passée à Cherbourg dans un navire hôpital, nous allâmes à
Southampton, puis à l’hôpital 162, près de Lincoln.
- Je ne sais rien concernant
les autres membres d’équipage.
2- Témoignage du mécanicien de bord, le T/Sgt
James A. WEBER
L’avion fut abattu
par des chasseurs ennemis (FW190) le 24 décembre 1944. Du fait que les portes
de la soute à bombes étaient fermées et que je tirais sur les ennemis depuis la
tourelle supérieure, je ne savais pas ce qui se passait dans le fuselage et à
l’arrière, sauf que le mitraillage ennemi était terrifiant dans cette section
et qu’elle était percée de nombreux trous. Le Sgt HUCK fut appelé en renfort
pour assister le mitrailleur latéral, le Sgt KAUSRUD. Je sais que seulement 5
de nos hommes avaient évacué l’avion quand celui-ci fut enveloppé par les
flammes. Il s’agit du F/O ALVINE, du Lt George P. LANG, du Sgt YOWAN, du Sgt
HASKETT et de moi-même.
- Le Sgt YOWAN,
mitrailleur ventral, pourrait donner plus de détails concernant le Sgt HUCK, car
il a dû ramper depuis sa tourelle ventrale et passer par le fuselage pour
atteindre la trappe d’évacuation et sauter. Au moment ou j’ai sauté, je ne
connaissais rien au sujet du Sgt HUCK ni des membres
d’équipage autres que ceux que j’ai cités plus haut.
- Cependant, depuis
mon retour à la base, j’ai appris que le Sgt KAUSRUD et le Lt MILLER, le
co-pilote avaient été déclarés tués au combat.
3- Extraits du témoignage du bombardier, le Lt
George LANG
Nous avons été
attaqués vers 12h15, à environ 5 miles au sud est de Liège, Belgique, à une altitude
approximative de 22000 pieds. Après 4 ou 5 attaques qui semblaient
aléatoires, 7 chasseurs ennemis firent une attaque frontale venant de la
direction « 2 heures », légèrement plus haut que nous. Durant cette
attaque, le nez et le cockpit de l’avion furent fortement touchés. J’ai
immédiatement essayé de contacter le pilote et le co-pilote par l’intercom,
mais je ne reçu pas de réponse.
Il est certain que l’intercom fonctionnait à ce moment,
car le mitrailleur arrière appela pour nous informer qu’environ 40 avions
ennemis arrivaient derrière nous. Durant cette attaque, faite en file, notre
mécanicien, le Sgt James A. WEBER déclara que notre avion était en feu et il
donna l’ordre d’évacuation.
4- Extraits du témoignage du navigateur, le F/O
Samuel ALVINE
- Notre équipage
était composé de 9 hommes. Il est certain que 5 d’entre eux survécurent, bien
que plusieurs aient été blessés.
A ma connaissance,
les 4 autres ne quittèrent jamais l’avion et on peut donc admettre qu’ils se
sont écrasés avec lui. L’aile gauche était embrasée suite aux dommages causés
par les avions ennemis au moteur #2. Notre charge de bombes était complète et
nos réservoirs d’essence étaient remplis.
Le Sgt
YOWAN, mitrailleur ventral, signala que la soute à bombes rougeoyait à cause de
la chaleur provoquée par l’aile en feu. Il n’y a aucun doute que l’avion
explosa juste après que YOWAN ait été parachuté.
- Le pilote et le
co-pilote ont probablement été blessés, car
juste après l’attaque, j’ai regardé dans le cockpit et j’ai vu que le pare
brise était parsemés de trous. Le pilote et le co-pilote avaient un visage très
pâle, et ils ne firent aucun geste quand l’ordre d’évacuation fut donné.
- Je vis le Sgt
KAUSRUD avec une expression de visage très bizarre, je suis presque certain
qu’il a été tué instantanément.
- Le Sgt HUCK a dû
être tué sur le passage à côté de la tourelle ventrale, car les projectiles
avaient percé toute une ligne de trous dans cette partie du fuselage.
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Schéma de la formation du 487th group le 24 déc 1944 |
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La section d’aile du
« Lindy Lou », qui avait servi de toit aux abeilles de Mr Lemort,
retourna en Amérique
en 2001. Elle est actuellement exposée au musée de la 8e Air Force à
Pooler, en Georgie.
Voici une version
américaine de son histoire :
Article paru le 29 mai 2011 dans le journal « BRADENTON HERALD »,
par Vin MANNIX
« Comme vestige de guerre, la section d’aile
grise de 18
pieds peut ne pas impressionner les visiteurs du
Mighty Eight Air Force Museum à Pooler, en Georgie.
Elle n’attire pas l’attention comme le « City of
Savannah », un B-17 argenté, restauré avec passion par des volontaires.
Elle n’est pas non plus aussi fascinante que le buste
en bronze de l’acteur Jimmy Steward, une icône américaine et pilote de B-24
durant la deuxième guerre mondiale.
Pourtant, si cette aile pouvait parler, elle pourrait
en raconter des histoires… »
- Tels furent les
mots de son donateur, Charlie Haskett, un brave retraité de 79 ans que j’ai
présenté le 4 novembre 2001 dans le Bradenton Herald.
- A présent, il nous
a quittés, mais je me remémorais ses paroles le
mois dernier, en visitant le musée avec mon épouse et en voyant ce vestige
d’une guerre lointaine qui fut un événement dans la vie de Haskett et de ceux
de sa génération.
La section d’aile
attira mon attention. Elle porte une plaque sur laquelle est gravé le portrait
de Haskett avec son casque, ses lunettes, et son blouson de bombardier.
Cette section
provenait de la forteresse volante de Haskett,
le « Lindy Lou », qui explosa au dessus de Liège, en Belgique, la
veille de Noël 1944.
- C’était la huitième
mission pour ce mitrailleur arrière âgé de 19ans, et aussi sa dernière.
Il était de Bedford,
dans l’Indiana.
« Cette aile ne nous a pas ramenés à la base, mais
elle nous a maintenu dans les airs », se souvenait Haskett presqu’une décennie plus
tôt, « Je n’avais jamais rêvé le la
ramener ici ».
- Ce fut une journée
incroyable.
Environ 57 ans après
que Haskett fut abattu, son odyssée recommença lorsqu’il lut une histoire
illustrée dans un périodique de l’Air Force au sujet de la ferme d’un
apiculteur à Liège, en Belgique. Cet apiculteur avait fabriqué un toit pour ses
ruches au moyen d’une section d’aile d’un vieux B-17.
Haskett la
reconnut : c’était une partie de l’aile droite du « Lindy Lou ».
Sentant peut-être sa
dernière chance de revoir les souvenirs de la vieille époque de la guerre,
Haskett emmena son épouse, Wilma, et sa fille, Janice, dans un extraordinaire
voyage en Europe. C’était en août 2001.
Il visita d’abord son
ancienne base de Lavenham, en Angleterre, où était stationné le 487e
Bomb Group.
Puis, les Haskett
continuèrent vers la Belgique pour revoir la ville près de laquelle il avait
été parachuté, et contempler la section d’aile une dernière fois.
Liège lui réserva un
accueil de héros… et plus.
Lorsque Haskett
rencontra la petite-fille de l’apiculteur, elle lui montra la section d’aile et
fit un geste magnanime qui amena des larmes aux yeux du vétéran du B-17.
« C’est à vous » lui dit Anne-Marie Rouselle.
« J’étais bouleversé », dit Haskett, « J’étais ému en revoyant l’aile et en la touchant ».
- Mathilde and Marcel
Schmetz étaient là. Ils ont établi un musée à Clermont, en Belgique, et ils
aidèrent Haskett à expédier sa précieuse cargaison en Amérique.
« C’est seulement une aile, mais vous pouvez
remarquer tout ce qu’elle représente
pour lui », dit
Mathilde Schmetz, « C’est comme une
part de lui-même, elle représente une histoire ». Une histoire qui est
gravée dans le coeur de Haskett.
- Le « Lindy Lou » faisait partie d’une armada de 2000
bombardiers partis pour une mission très importante. C’était durant la bataille
des Ardennes, l’attaque finale et
désespérée
Témoignages du Sgt Charles W. Haskett en langue anglaise