B-17F-5-BO - N° 41-24406 “All American“ 97e BG - 414e BS
Photo US Air
Force
|
Le 1 février 1943, la
collision entre le B-17 41-24406 et un
chasseur allemand devint l’objet de l’une des plus célèbres photographies de la
deuxième guerre mondiale.
De nombreux
articles ont été écrits au sujet de cette collision, mais plusieurs
commentaires lus dans divers forums sur internet signalent que certains
articles sont erronés.
Un exemple
flagrant est la présence imaginaire de chasseurs P-51 protégeant le B-17
au-dessus de la Manche alors qu’en
réalité ce bombardier avait décollé de Biskra en Algérie et était parvenu à
retourner à cette même base.
Afin de
coller le mieux possible à la réalité, nous nous basons sur le récit de Ralph
Burbridge qui occupait la fonction de bombardier à bord du 41-24406 lors de
cette mission historique.
Lors d’une interview accordée à Ralph Nichols du Waterland Blog, Ralph Burbridge raconta la
mission et corrigea les erreurs parues sur le web concernant le retour à la
base de l’avion endommagé.
Le premier février 1943,
décollant d’une base près de Biskra, une oasis située dans le désert du Sahara
en Algérie, la mission du 414e Squadron avait comme objectifs les ports de
Bizerte et de Tunis.
Les Messerschmitts allemands
essayèrent une fois encore d’empêcher l’approche des bombardiers américains, y
compris le « All American ». En approchant de l’objectif, les
B-17 volèrent à travers un
effrayant feu d’armes antiaériennes.
Après avoir largué leurs bombes,
les B-17 firent demi-tour et les chasseurs ennemis les poursuivirent dans les
limites de leur rayon d’action. Mais après avoir quitté l’objectif depuis
longtemps et avoir subi plusieurs attaques de chasseurs, nous vîmes deux autres
Messerschmitts grimper à deux miles sur notre droite.
Ils vinrent vers nous en
effectuant une attaque frontale, le premier directement vers le nez de l’avion
de tête et l’autre vers notre avion. Je visai celui qui venait vers nous avec
la mitrailleuse avant de calibre .30. Harry Nuessle, le navigateur, visa
l’autre chasseur avec la mitrailleuse .50 du côté avant droit.
Notant que Nuessle et moi
n’étions que des mitrailleurs occasionnels, nous essayâmes de toucher l’ennemi
visant l’avion de tête. Le chasseur fut aperçu pour la dernière fois descendant
en flammes dans le lointain.
L’autre chasseur continua vers
l’avion de tête et ses ailes semblaient en feu à cause de ses mitrailleuses en
action. Lorsque le pilote allemand fut à environ 300 yards , il
vira en piquant pour s’éloigner du « All American » après son
attaque. Mais, arrivé à environ la moitié de sa manœuvre, mes tirs ou ceux de
l’avion de tête devaient avoir tué le pilote ou endommagé l’avion. Il ne
réussit jamais sa manœuvre de virage rapide pour passer sous notre avion.
Durant un horrible instant, il
fut juste à quelques pouces de la partie supérieure avant de notre B-17. Il
passa au-dessus de nous avec un « swoosh » bien audible couvrant le
« roar » des moteurs Wright Cyclone de notre avion, suivi d’un énorme
choc et d’un « whoomp ».
Bragg informa rapidement
l’équipage qu’il y avait un trou à l’arrière et sur le côté de l’avion. L’avion
allemand avait entaillé la moitié de la partie arrière de l’avion. L’autre côté et
la dérive semblaient devoir se détacher à tout moment.
Miraculeusement, personne ne fut
blessé, mais durant ces incidents, l’avion de tête fut perdu (voir la note au
bas du récit). Les 10 hommes à bord de notre B-17 mirent leur parachute et
s’apprêtèrent à sauter au cas où le restant de la queue commencerait à se
détacher.
Lorsque les autres équipages
virent que nous étions toujours en vol, ils se mirent en formation autour de
notre « All American » et restèrent avec nous jusqu’au-delà du
territoire ennemi tandis que des chasseurs américains assuraient notre protection.
Une fois hors de portée des
avions ennemis le reste des avions accéléra et retourna à la base. Une fois
seuls, il nous sembla que le trajet de retour dura 10 ans, mais ce ne fut
pas aussi long en réalité. Sans trop savoir comment, le pilote prit soin de
l’avion endommagé et nous ramena à la base bien après tous les autres.
Bien que le « All
American » ait atterri en toute sécurité, la roue arrière n’était pas
descendue et l’avion dérapa sur une centaine de yards. Notre équipe au sol
avait perdu tout espoir et ils furent vraiment très heureux de nous revoir. Le
chef mécanicien avait les larmes aux yeux.
Après l’arrêt de l’avion, la
porte s’ouvrit et l’équipage sortit en sécurité. L’ambulance avait été renvoyée
au moment de l’atterrissage, elle n’était pas nécessaire.
On prit plusieurs photos de la
queue endommagée, celle-ci s’affaissa finalement lorsque l’équipe au sol entra
à bord pour une inspection.
Le livre « The B-17 Flying Fortress » par Steve Birdsall et
Roger Freeman cite un témoignage du pilote expliquant que le
mitrailleur arrière put revenir vers l’avant de l’avion:
« Lorsque j’ouvris la porte
du compartiment radio et regardai dans le fuselage, je fus stupéfait. Une masse
de métal déchiré me sauta aux yeux. Des fils pendaient et des feuilles de métal
claquaient dans l’air entrant par les déchirures du fuselage. Les ¾ de l’avion
avaient été cisaillés par l’avion ennemi et une large section d’aile de Me 109
s’était fichée dans la queue de notre avion. La queue ne tenait plus que par
quelques minces longerons et une étroite
bande métallique.
Rampant le long de cette bande
étroite, le Sgt Sam Sarpolus, le mitrailleur arrière, ramenait avec lui son
parachute et 4 écouvillons »
La photo en vol fut prise au dessus du désert nord africain par un
équipier d’un autre B-17. Burbridge raconte qu’ils n’auraient jamais pu faire
croire à quelqu’un qu’ils avaient volé avec un demi stabilisateur horizontal et
un gouvernail très bancal.
Photo :
bytesdaily.blogspot.be
|
Ralph Burbridge était
le dernier survivant de l’équipage du « All American ».
Il est décédé le 3
février 2013.
Note:
L’avion de tête fut abattu. C’était le B-17 41-24477 piloté par le
Major Robert Coulter. Seuls 3 membres
d’équipage purent sauter en parachute et survécurent.
Nous avons deux versions concernant la perte de ce 41-24477 :
1- Suivant le livre « B-17 Flying Fortress Units of the MTO »
de William N. NESS, « un chasseur
allemand aurait d’abord percuté le 41-24477 en lui arrachant une aile avant de
percuter le « All American ».
2- Version donnée sur le site suivant:
Suivant l’historien Steve
Birdsall sur le forum Army Air Forces, le pilote allemand étant entré en collision
avec le 41-24406 est le Sergeant Erich
Paczia, un as du 6/JG 53 pilotant un Bf 109G. D’autres recherches signalent que
ce squadron à revendiqué un B-17 abattu à Pont du Fahs, au sud de Tunis. Cette
victoire a été attribuée au Lt Julius Meimberg. Celui-ci a été aussi été
abattu et à pu sauter en parachute.
Ce serait donc Meimberg qui aurait abattu le 41-24477 avant d’être
touché lui-même.
Photo: Reddog1944.com |
L’équipage du « All American »
Debout, de G à D: Elton Conda, mitrailleur ventral;
Mike Zuk, mitrailleur latéral; Hank Hyland, chef de l’équipe au sol; Joe
James, mécanicien de bord; Sam Sarpolus, mitrailleur arrière; Paul
Galloway, opérateur radio.
A genoux, de G à D: Harry Nuessle, navigateur; Godfrey Engle, co-pilote; Ken Bragg,
pilote; Ralph Burbridge, bombadier.
La photo de l’avion en vol fut envoyée par le navigateur Harry Nuessle à
son épouse dans une lettre qu’il adresse d’abord au censeur avec le commentaire
suivant :
« S’il existait des lois, règles
ou filtrages contre le fait d’'envoyer la photo ci-dessous à ma femme, s'’il vous
plait refermez le pli et retournez le moi ; c’est une prise de photo unique et
je détesterais la perdre. »
Photo: Reddog1944.com
|
A droite de la photo
on peut lire qu’elle a été prise par Cliff Cutforth.
Le Lt Cutforth était navigateur sur le B-17 41-24412.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire