mardi 28 janvier 2014

Crash de 2 P-47 dont un à Bovigny le 27 décembre 1944


Les deux amis du 494e Fighter Squadron  48e Fighter Group
Lt George Riegler et Lt Charles Looper
Le 27 décembre 1944, les P-47 du 494e Fighter Squadron du 48e Fighter Group décollent de l’aérodrome de Saint-Trond pour une mission de reconnaissance armée. Dans la région de St Vith, un combat s’engage entre les P-47 et les chasseurs ennemis.
Dans le journal américain « TPO - The Tampa Tribune » un article publié le 06 novembre 2011 raconte l’histoire de deux pilotes abattus lors de ce combat : Le Lt George Riegler et le Lt Charles Looper. Ces deux pilotes étaient originaires de la région de Tampa, en Floride. Ils devinrent amis lorsqu’ils se rencontrèrent au 494e Squadron.
Le Lt Riegler sauta en parachute et atterrit dans les lignes américaines. Il n’existe pas de rapport officiel (MACR) dans ce cas, et nous n’avons pas d’informations autres que celles parues dans le journal.

Extraits du récit du Lt Riegler :
Notre Squadron fut envoyé à St Trond, en Belgique, et nous fûmes impliqués dans la bataille des Ardennes. Nous avions effectué 26 missions avant celle du 27 décembre 1944.
Vers 10 heures, nous survolions le Luxembourg quand nous reçûmes l’ordre de nous disperser en petits groupes et de rechercher des cibles. Nous fûmes rappelés et je piquai pour lancer mes bombes suivant les instructions. Je volais en dernière position. Lorsque je rejoignis la formation, je vis des avions ennemis en face de moi. Je donnai l’alerte et je me dirigeai vers eux.
Je fis feu sur un avion qui dégagea, puis sur un autre. Je remarquai que mon avion émettait de la fumée, mais je ne réalisai pas que j’étais touché. Je plongeai et volai le plus bas possible pour ne pas être repéré et j’essayai de rejoindre la base. Après 5 minutes, mon moteur commença à avoir des ratés. Mon réservoir était encore à moitié plein, et je ne pouvais pas me poser sur le ventre sans risque d’explosion.
Je n’avais jamais sauté en parachute, et je priais pour que tout se passe bien. Lorsque je me suis éjecté, ma jambe droite heurta la dérive arrière de l’avion. Mon parachute s’ouvrit, mais une des suspentes du parachute s’enroula autour de ma jambe gauche. Je terminai mon atterrissage sur les épaules et la tête, je restai inconscient durant 15 minutes.
J’étais arrivé en territoire ami au moment où j’ai sauté. Quand je me réveillai, j’étais entouré de plusieurs fermiers belges et de GI’s qui me regardaient. Après quelques minutes, le général Pete Quesada arriva et me demanda « Comment vas-tu, fils ? », je répondis « Bien, je suis vivant ». J’avais les deux jambes cassées, le général me fit transporter dans un hôpital belge où je fus très bien soigné.

Le Lt Looper, pilotant le P-47 43-25571, parvint aussi à sauter en parachute, mais il atterrit en zone ennemie et il sera fait prisonnier.
Le rapport officiel (MACR 11507) donne des indications contradictoires en ce qui concerne le point de chute de l’avion.
Dans son témoignage, le Lt Earl Wells affirme qu’il a vu un avion percuter le sol et que son pilote, probablement le Lt Looper, a sauté en parachute.
Sur la page 2 du rapport, on peut lire que le point de chute est situé aux coordonnées P8072, un peu à l’ouest de Bovigny, mais sur la carte figurant en dernière page du rapport, il est indiqué que le Lt Looper a été vu pour la dernière fois un peu au nord est du village.
Nous ne savons donc pas préciser le point de chute, mais on peut penser qu’il se situe effectivement dans la région de Bovigny.
Coordonnées du MACR : P7082 = 50.13.25N – 05.54.50E

Carte du MACR
Extraits du récit du Lt Looper :
Nos P-47 décollèrent fin décembre et s’espacèrent à 50 yards les uns des autres, en formation de combat. Nous venions de bombarder et de mitrailler quelques véhicules lorsque George Riegler appela : « Ennemis à 3 heures ». Je regardai à droite et je vis un Me-109 se dirigeant vers le sol. Je le vis passer sous mon aile droite.
J’aperçus des traçantes vertes passer le long de mon avion. Comme les nôtres étaient d’un blanc rougeâtre, je sus que j’avais des problèmes. Une autre série de traçantes passa près du nez de l’avion. Un grand trou apparut dans mon aile gauche et un autre près de mon pied gauche. Le cockpit pris feu. Je me dirigeai vers nos lignes, et je restai dans l’avion aussi longtemps que je pus, assis au-dessus d’un réservoir contenant du carburant à haut indice d’octane avec du feu près de moi. Je signalai que j’évacuais l’avion.
Je commençai ma descente en parachute en espérant que j’étais en territoire ami. J’entendis ce qui me semblait être un coup de fusil juste avant que je n’atterrisse dans un arbre. Je descendis vers le sol couvert de neige et je m’éloignai rapidement de mon parachute. Je vis plusieurs soldats se diriger vers le lieu de mon atterrissage. Quand je vis leurs casques, je sus que j’étais en territoire allemand. J’étais debout près d’un sapin et ils passèrent juste à côté de moi.
Je me déplaçai rapidement dans la direction d’où ils étaient venus, il était 11 heures. Je trouvai un beau bosquet et j’essayai de dormir. A la tombée de la nuit, je me dirigeai vers nos lignes. Au lever du jour, je me cachai à nouveau.
Vers 17 heures, je rencontrai un groupe d’allemands qui se mirent à tirer. Je croyais qu’ils tiraient en l’air, jusqu’à ce qu’une balle atteigne ma jambe. Je criai « Camarade » en espérant qu’ils allaient cesser le feu. Un homme demanda où était mon équipier, je répondis que j’étais seul. Il me dit « Nous allons le rechercher, si nous le trouvons, vous serez tués ».
C’est en train que je fus conduit dans un camp de prisonniers situé près de la frontière polonaise. Les Russes approchaient et trois jours après mon arrivée, nous dûmes partir à marche forcée. Nous marchions durant 50 minutes, puis un repos de 10 minutes nous était accordé. Plus tard, on me fit monter dans un wagon à cause de ma blessure. Après un long voyage en train, j’arrivai au stalag 7A.
Nous fûmes libérés par les troupes américaines le 8 avril 1945.