dimanche 31 janvier 2016

Crash d'un B17 au dessus de Marche le 29 décembre 1944

Le B-17 Ramp Rooster – (Photo 398e BG)
B-17G  -  N° 42-107188  “Ramp Rooster“  398e BG - 602e BS
MACR 11348
Le 29 décembre 1944, le 602e Bomb Squadron du 398e Bomb Group décollait de sa base de Nuthampstead, en Angleterre, pour une mission de bombardement
à Bingen, en Allemagne.
Au retour de cette mission le B-17G  42-107188 fut touché par la flak et abattu.

Témoignage du Lt Adolphe Huesgen, co-pilote du B-17 abattu :
« Au retour de notre mission sur Bingen, en Allemagne, le 29 décembre 1944, au passage de la ligne de front, le moteur #2 fut atteint par un coup direct de la flak. Le moteur prit feu, le systême hydraulique fut atteint et le liquide hydraulique fut pulvérisé dans tout le cockpit.
Le systême électrique fut touché aussi et il tomba en panne. Le feu prit aussi dans la soute à bombes. Nous essayâmes d’éteindre ce feu, mais nous ne réussîmes pas.

Nous abandonnâmes alors l’avion. Le mécanicien de bord eut le pied calé dans la trappe de sauvetage avant. Je le poussai dehors et je sortis après lui. Je dois m’être évanoui après avoir quitté l’avion. La chose suivante dont je me souviens est que j’étais en l’air et que je tombais. J’ouvris alors mon parachute. Je pus voir un parachute en dessous de moi, je pense que c’était celui du mécanicien. Je vis aussi deux parachutes au dessus de moi. Lorsque je fus assez près du sol, l’ennemi ouvrit le feu sur moi. Lorsque j’arrivai encore plus près du sol, je pus voir les hommes qui avaient tiré sur moi. Ils commencèrent à courir vers l’endroit où j’allais tomber. Quand finalement je touchai le sol, je ramassai mon parachute et je courus dans le sens opposé à celui des troupes ennemies.

Comme je commençai à courir, les troupes ennemies qui avaient couru vers mon lieu d’atterrissage sortirent des bois et commencèrent à me tirer dessus. Après avoir couru durant environ 1 mile, je me suis couché dans un petit ruisseau durant environ deux heures.
Je repris alors ma route en direction du nord est. Je fus finalement récupéré par nos propres troupes dans un no man’s land à environ 500 pieds des lignes allemandes.

Je fus alors conduit au Quartier Général de la 89e Division d’infanterie. On me conduisit auprès d’un officier de l’Air Force qui reçut plus tard un rapport disant que 4 parachutistes avaient atterri derrière les lignes ennemies. 8 parachutes furent vus par les hommes de la ligne de front. Je discutai plus tard avec le mécanicien. Il avait vu notre bombardier, le Lt Leitner, celui-ci avait été le dernier à quitter le nez de l’avion et il avait dit au T/Sgt Peterson, le mécanicien, que tous les hommes qui étaient dans le nez avaient quitté l’avion. Le mécanicien avait la jambe cassée et le bombardier avait des lacérations mineures à la face et au front. »

Remarque : Le Lt Huesgen signale dans son témoignage qu’il fut conduit au Quartier Général de la 89e Division d’Infanterie. D’autre part, le MACR signale qu’il a contacté le 335e Régiment d’Infanterie. Sachant que la 89e Division n’est arrivée en France qu’en Janvier 1945, et que le 335e Régiment faisait partie de la 84e Division, nous en concluons qu’il y a une erreur (faute de frappe ?) et qu’il s’agit effectivement de la 84e Division. A la date du crash, cette Division occupait la région de Marche, ce qui confirme notre conclusion.

Selon les informations du pilote, « Tous les hommes ont été parachutés en même temps près de la ville de Marche, en Belgique ».

Le témoignage du Lt Huesgen nous indique que 3 hommes ont atterri très près des lignes américaines : le Lt Huesgen, le Lt Leitner et le S/Sgt Peterson. Ils furent rapidement pris en charge par leurs collègues. Le Lt Leitner et le S/Sgt Peterson durent être conduits à l’hôpital de Liège pour y être soignés.

Selon l’Officier de l’Air Force dont le Lt Huesgen parle dans sont témoignage, 4 hommes auraient atterri dans les lignes ennemies. Le rapport allemand KU 1241-A prouve cependant qu’il y eut 5 prisonniers :

- 2Lt Mahlon R. Erickson,  pilote
- T/Sgt Claiborne T. Graves,  opérateur radio
- Sgt Robert G. Morden, mitrailleur arrière
- Sgt James T. Sewell, mitrailleur latéral
- Sgt Lowell E. Thompson, mitrailleur ventral

Un 5e homme aurait donc aussi atterri dans les lignes allemandes ou aurait été repris dans le no man’s land.

Le 9e homme, le 2Lt Paul A. Nachtway, a malheureusement été tué dans cet accident.
Les causes de sa mort ne sont pas précises. Les hommes au sol ont remarqué 8 parachutes. Comme il est confirmé que tous avaient quitté l’avion, il devrait y en avoir 9, celui du Lt Nachtway ne s’est-il pas ouvert ? C’est possible. Plusieurs hommes avaient manqué d’oxygène à cause de l’altitude, et le Lt Nachtway a pu perdre connaissance au moment de sauter et il n’aurait pas ouvert son parachute.  

Où l’avion est-il tombé ?
Quand on a posé cette question au Sgt Robert Morden à son retour de captivité, il a répondu : « Nulle part, il a explosé à 21000 pieds ». (6400 mètres)
Les membres d’équipage ayant sauté de façon assez groupée, et l’avion ayant explosé presque immédiatement après son évacuation, on peut supposer que les débris se sont éparpillés sur une grande surface dans les environs de Marche.
Quelques membres de l’équipage du 41-107188. (Photo 398e BG)
Cette photo a été prise la veille de la mission fatale.
Debout de G à D :
2 Lt. Mahlon R. Erickson, pilote - 2 Lt. Adolph "Bud" Huesgen, co-pilote - 2 Lt. Paul A. Nachtwey, navigateur - 2 Lt. L. J. Leitner, bombardier

A genoux de G à D:
S/Sgt. Claiborne "Red" Graves, Radio - Sgt. Robert G. "Bob" Morden, mitrailleur arrière.

Sont manquants sur la photo:
S/Sgt. E.O. Peterson, mécanicien - Sgt. L.E. Thompson, mitrailleur ventral - Sgt. J.T. Sewell, mitrailleur latéral.